Mon parcours de vie de ma naissance à ce jour
Ma venue sur la planète bleue
Bonjour, je m’appelle André. C’est du moins le nom que m’ont confié mes parents, le temps d’une étape terrestre, le temps d’une vie. D’aussi loin que je m’en souvienne, je me suis toujours demandé ce que je faisais là, dans ce monde où je me sens parfois si seul et à la fois si bien. J’ai choisi de naître à cette vie en 1965, un mardi 30 novembre à 23h20 plus précisément, à la Clinique des Tilleuls à Bienne, en Suisse.
J’ai sans doute dû changer d’avis au dernier moment car il a fallu une grosse ventouse pour me convaincre de sortir du ventre de ma chère maman, auquel j’avais choisi de m’accrocher solidement en enroulant trois fois le cordon ombilical autour de mon cou. Ma tête était violette et ressemblait plus dans son allongement à un pain de sucre qu’à une boîte crânienne humaine. Histoire de n’effrayer personne, mes parents ( en photo à gauche ) ont eu la délicatesse de ne pas me prendre en photo à mon arrivée. La nature faisant bien les choses, j’ai rapidement repris forme humaine au fil des jours suivants.
Malgré cette hésitation de dernière minute à rejoindre l’humanité, je me suis senti investi dès mes plus jeunes années de cette force, de cette foi indicible qui m’a toujours donné l’envie et l’énergie d’avancer. Sans elle, je serais reparti depuis longtemps, c’est sûr. Cette foi, c’est ma connexion avec le tout. Je ne lui donnerai pas d’autre nom, car je n’aime pas les étiquettes. A vous de l’associer si nécessaire à vos croyances.
De l’enfance…
Mon enfance a coulé doucement et paisiblement. J’ai grandi en compagnie de mes parents à Bienne, région qui ne me laisse aujourd’hui que bien peu de souvenirs, quelques images, quelques sensations : les balades au bord de l’eau, le lac de Bienne, la selle métallique sur le vélo de mon père, la place de jeux de l’immeuble, les visites de mes grands-parents paternels de Fribourg, la perte de mon ours en peluche, les feuilles mortes en automne, les glaces à vingt centimes au kiosque voisin, l’effondrement de l’escalier en bois massif sous lequel il me plaisait de jouer… et enfin l’arrivée de ma petite soeur Valérie marquant le début de ma scolarité à six ans.
J’y ai découvert mon aversion profonde pour la compétition. Je fuyais les jeux de groupe au cours de gymnastique. Je n’avais tout simplement pas cette envie de vaincre une autre équipe : pour gagner quoi ? Lorsqu’il fallait que je joue aux indiens et aux cowboys, je m’arrangeais toujours pour être l’indien, me laissant tuer rapidement pour profiter d’un moment de calme, couché dans l’herbe. Pour les notes, c’était pareil, je me tenais dans la moyenne, alors que la compétition régnait également au niveau des résultats scolaires. Je me souviens de mères d’élèves qui nous demandaient nos moyennes générales à la sortie de l’école, juste pour s’assurer que leur petit génie soit le meilleur. Les notions de perdant et de gagnant m’étaient étrangères, considérant que chaque être vivant a ses richesses. Même si tout cela était encore confus pour moi, l’idée que le système scolaire formate des élèves aux normes d’une société plutôt que de nourrir les valeurs innées de chacun m’horripilait déjà. Il me plaisait de côtoyer les originaux et exclus du système, car ils m’enrichissaient d’un autre regard sur la vie.
A l’âge de neuf ans, mes parents ont choisi de regagner Fribourg, leur terre d’origine, que mon père avait dû quitter pour raisons professionnelles dix ans auparavant. Il était mécanicien CFF ( conducteur de train au service de notre compagnie de chemins de fer suisse ). Je me suis retrouvé dans une ville aux intonations bizarres, et en classe tout le monde me faisait parler pour se moquer de mon accent jurassien. Le plus difficile en tant que gaucher, était de m’habituer à écrire du jour au lendemain avec une plume à réservoir, sans étaler de ma main gauche l’encre encore fraîche. Je me souviens de crampes mémorables dans le poignet. L’école était pour moi une obligation que j’assumais avec réticence, sans trop me poser de questions, sans en faire plus qu’il n’en fallait. J’étais minimaliste. L’important pour moi était d’être proche d’une fenêtre, pour pouvoir m’échapper, rêver, m’envoler quand la matière ne m’intéressait pas… Quelques copains proches partageaient ma vie, mon originalité. Je privilégiais toujours l’intimité des petits groupes, délaissant les grands rassemblements.
J’ai fait ma première communion, puis ma confirmation, comme tout le monde, mais sans la moindre conviction. Malgré le chantage du curé de paroisse auprès de ma mère, je n’irai jamais confier mes « péchés » à un être humain dans cette petite cabane en bois, appelée confessionnal. Je me sentais habité, porté par quelque chose de fort, dépassant de loin la réalité de ma vie terrestre, quelque chose qu’il m’était impossible de retrouver lorsque j’assistais à une messe. Durant quelques mois, j’ai essayé de m’y rendre une fois par semaine le dimanche. Mais à chaque fois, j’avais le sentiment d’entrer dans un cimetière, où se décomposent les restes d’une histoire travestie à des fins de pouvoir, auxquels l’homme se raccroche. Ce n’était pas faute d’avoir essayé. Je ne trouverai définitivement aucun épanouissement dans la religion catholique romaine que je finirai par quitter, ni dans aucun autre parti religieux d’ailleurs.
… à l’adolescence
J’ai vécu cette transition de l’enfance à l’adolescence avec légèreté, sans crise notable. J’observais mon corps qui se métamorphosait de jour en jour, de nouvelles sensations, ma voix discordante qui muait… Je découvrais et explorais de nouveaux plaisirs avec une certaine culpabilité sans doute héritée de toutes ces générations passées, obsédées par le démon de la sexualité qu’a brandi notre chère religion catholique durant des siècles : « La masturbation est un acte intrinsèquement et gravement désordonné ». A l’école, de nombreux couples se faisaient et se défaisaient : sourires, plaisirs, larmes, haine, … Tout cela me semblait compliqué, beaucoup trop compliqué pour y perdre mon temps !
Je me sentais attiré par certaines filles, comme par certains garçons. Tout ceci était un peu nouveau et déroutant, ma timidité n’aidant pas à me rapprocher intimement de quelqu’un. Je passais beaucoup de temps à me questionner sur mon orientation sexuelle, ressentant le besoin de me fixer une appartenance. Quelques années plus tard, je franchirai le pas, explorant les deux horizons, pour comprendre que j’étais tout simplement attiré par des êtres humains, et que la sexualité pouvait être partagée amoureusement aussi bien avec une fille, qu’avec un garçon. Dès lors, j’ai toujours été totalement réfractaire à ce besoin de devoir cataloguer la sexualité ( hétéro, bi, homo ), ainsi qu’à l’intolérance humaine en la matière. L’être humain s’est toujours concentré sur la forme, pour en oublier l’essence ( l’amour ) qui peut être partagée sous une infinité de formes différentes…
Mon adolescence a été ponctuée de multiples décès, éveillant en moi une fascination pour la mort. Non pas une fascination morbide, mais plutôt le sentiment profond que la mort est une naissance, un retour à la maison. Même si la mort faisait pleurer tout le monde, je me réjouissais secrètement tout au fond de moi pour l’être qui s’en allait poursuivre son chemin… Ainsi entre treize et dix-neuf ans, j’ai vu partir mes deux grands-pères, ma grand-mère paternelle, deux mamans d’amis proches et encore mon premier amour, Fabienne, décédée accidentellement sur la route à l’âge de dix-sept ans. En début d’adolescence, je me suis nourri de nombreuses lectures abordant la mort et son approche. La découverte d’un premier ouvrage relatant des témoignages de personnes ramenées à la vie suite à une mort clinique m’a profondément marqué, car il démontrait en quelque sorte cette certitude qui m’habitait depuis toujours, à savoir que la mort n’est juste qu’une porte qui s’ouvre vers un retour aux sources.Il s’agissait du livre « La vie après la vie » de Raymond Moody paru en 1975. J’ai ainsi enchaîné sur de nombreux autres ouvrages, dont ceux bien connus d’Elisabeth Kübler-Ross, cette suissesse pas comme les autres, partie aux États-Unis étudier la médecine, pour révolutionner en quelques décennies l’approche de la mort qui était alors un tabou, un sujet honteux qu’il fallait cacher. J’aurais aimé dédramatiser la mort, en faire une réjouissance, mais je me sentais si seul, n’ayant personne avec qui partager ma foi profonde. Mais un jour c’est sûr, j’irais accompagner ces personnes s’apprêtant à franchir le grand pas…
Passionné très tôt par l’électronique, je savais déjà dès l’âge de treize ans que j’en ferais ma profession. L’envie de créer et de découvrir en autodidacte m’amenait à expérimenter, au prix de nombreux circuits qui partaient en fumée lorsque je ne respectais pas leurs limites techniques. J’ai encore le souvenir de certaines odeurs caractéristiques de brûlé qui m’étaient finalement devenues sympathiques. Je n’avais pas la moindre envie de sortir, mes parents devaient me pousser dehors pour que je délaisse un moment mes composants électroniques et mon fer à souder. Sortir, boire des verres, faire la fête, danser, fumer, rien de tout cela ne m’attirait, pas le moins du monde ! Je préférais toujours l’intimité, la proximité de la nature, les petits groupes, vrais et authentiques. Puis j’ai commencé l’école des Métiers de Fribourg où j’ai débuté ma formation d’électronicien d’une durée de quatre ans. Tel a été le parcours d’une adolescence tranquille, m’amenant progressivement vers la vie d’adulte.
Les réverbères
Si je vous dis qu’en fin d’adolescence j’ai éteint des centaines de réverbères, vous allez penser que j’étais l’auteur d’actes de vandalisme. Et pourtant, il n’en est rien. Vers l’âge de 17 ans, je marchais souvent de nuit dans la ville. L’hiver, pour me faire un peu d’argent de poche, j’étais appelé durant la nuit sur les trottoirs de Fribourg, pour aller déblayer la neige. Je passais donc passablement de temps sous l’éclairage publique qui sembla soudain réagir à ma présence. Il arrivait fréquemment qu’un réverbère s’éteigne juste au moment de mon passage. Au départ, je prenais cela pour une coïncidence, mais je pris rapidement conscience que les lampadaires ne se rallumaient plus… avant que les services publics ne viennent remplacer les ampoules électriques.
Sans la moindre mauvaise intention, il m’arrivait d’en éteindre deux ou trois en un quart d’heure de marche. Parfois même je savais que l’un d’eux allait s’éteindre quelques mètres avant de passer dessous. Je prenais cela comme des clins d’oeil de l’univers et les personnes qui m’accompagnaient s’en rappellent encore aujourd’hui. Dans cette même période, ma présence marquait le dérèglement de nombreux appareils électroniques tels que lecteurs CD, réveils, et autres. Puis progressivement, vers l’âge de vingt ans, tout s’est calmé sans que je ne puisse l’expliquer.
Mon parcours militaire obligatoire
En juillet 1986, j’ai débuté mon école de recrues obligatoire. A choisir entre la prison pour objection de conscience ou consacrer quatre mois pour explorer l’imbécillité humaine, je n’ai pas hésité longtemps. Dès les premiers instants, j’ai tout de suite compris à quel point il allait être difficile de supporter un tel concentré de bêtise humaine. C’aurait pu être pire si j’avais été recruté dans les troupes de terrain. Par chance, mon bagage professionnel ainsi qu’un examen préalable assez sélectif m’avaient ouvert les portes de l’aviation, à la caserne de Payerne. J’allais être chargé de la maintenance électronique au sol des avions de chasse.
J’ai toujours été profondément allergique à la connerie humaine. Et avec un tel concentré j’allais être largement servi, bien au delà de toutes mes espérances. Fiers de leur tout nouveau grade, de jeunes freluquets affublés d’un circonflexe sur l’épaule passaient leur temps à aboyer, tels des chiens enragés, dressés pour attaquer. Non, je ne serais jamais caporal ! L’armée suisse a cette particularité qu’elle choisit, contre le gré des soldats, ceux qu’elle souhaite voir grader, impliquant pour les élus de nouvelles écoles militaires. Et tout refus de cette invitation à grader est une fois de plus sanctionnée par la prison civile. Autant dire que durant les premiers jours, j’avais élaboré ma stratégie pour ne pas être invité de force à grimper dans la hiérarchie militaire. Il fallait absolument que je sois moyen. Et c’est là que j’ai commencé à m’amuser.
Pour ne pas être pointé, j’allais dormir. A chaque occasion, je ne manquais pas de fermer les yeux et de dormir, assis, debout, couché, dans toute les positions, je dormais. Bien sûr, jamais d’initiative et toujours des résultats moyens, c’était la clé de ma réussite. Lors de marches de section ( vous savez, ces marches militaires où tout le monde est aligné et marche au pas ), je me forçais à être toujours désynchronisé. Ce n’était pas évident de balancer ses bras de manière totalement décalée par rapport aux jambes, elles-mêmes désynchronisées de celles de mes petits camarades de jeu. Mais le plus dur était encore de ne pas s’esclaffer de rire face à un tel ridicule. Au début, je me faisais semoncer, puis ensuite je ressentais à mon égard une forme de compassion de la part de mes supérieurs, au point que lorsqu’il y avait des marches officielles, on me mettait gentiment de coté pour ne pas gâcher le merveilleux spectacle des robots qui défilent. Et là, j’ai compris aussi que nos supérieurs étaient qualifiés en fonction de nos prestations. Encore un nouveau moyen de pression. Tout se passait bien et au fil des évaluations, je n’étais toujours pas repéré pour faire carrière dans l’armée suisse et je n’allais pas m’en plaindre.
Mon seul faux pas fut l’obtention accidentelle d’une médaille de tir que j’avais pris la peine de fixer sur mon pantalon au niveau des fesses. C’était comme je me plaisais à le dire, ma médaille de tir… au cul. Je me suis retrouvé à l’issue de ces quatre mois totalement avachi. Le retour à la vie civile a nécessité quelques semaines de réadaptation. Puis les cours de répétition annuels ont suivi à raison de trois semaines par année, durant lesquelles j’avais le « plaisir » de me replonger dans ce milieu désolant. Le risque d’être pointé pour grader était moindre et j’ai alors commencé à me lâcher. Avec mon ami Denis, nous étions inséparables, on nous appelait les Dupondt (Dupond et Dupont), comme dans Tintin. Nombreux se demandaient même si nous étions en couple. Ainsi, lorsque l’un de nous était affecté à une corvée, l’autre l’accompagnait systématiquement, muni par exemple d’un parapluie pour l’abriter. Je vous laisse imaginer le spectacle. Pas moyen de nous séparer, nous ne faisions qu’un, au grand désespoir de nos supérieurs. C’était plutôt drôle, mais nous gardions toujours notre sérieux pour ne pas être démasqués dans notre jeu.
J’avais choisi de respecter les ordres de manière tellement fidèle, que je m’exécutais à la lettre, mais sans jamais la moindre initiative. Un jour, on m’a placé comme planton à l’intérieur d’une grande fortification avec la lourde responsabilité de filtrer les entrées. J’avais une liste très claire des charges qui m’étaient confiées, sur laquelle mes supérieurs avaient malheureusement ( pour eux ) omis un petit détail. Le téléphone s’était donc mis rapidement à sonner et j’avais respecté strictement la liste qui ne précisait pas d’y répondre en pareil cas. Après une petite heure, un officier vint vers moi, vert de rage et m’attaqua verbalement, car il venait de se faire houspiller par sa hiérarchie. Très calme et profondément désolé, je lui expliquai alors, d’une bonne foi apparente, que je m’étais exécuté au mieux, mais qu’il n’était précisé nulle part qu’il faille répondre aux appels téléphoniques. Très nerveusement il prit la liste et rajouta donc au stylo la ligne suivante : « Répondre aux appels téléphoniques ». On ne peut rien contre quelqu’un qui obéit à la lettre.
C’était donc mon état d’esprit général. J’ai compris que la force et la réaction ne contraient en rien l’imbécillité humaine. Mais lorsque l’on respecte pleinement un tel système, on ne fait que révéler ses profondes lacunes. Quelques années plus tard, mon entreprise d’informatique avait pris une grande ampleur et je décidai alors que je ne ferais plus d’armée, sans pour autant objecter et me retrouver derrière les barreaux. Je me présentai donc au début d’un cours de répétition annuel avec un puissant mal de dos imaginaire. Je posai mes affaires et demandai à voir un médecin. Un officier me raccompagna à la gare dans sa belle voiture, portant seul mes lourds bagages jusque dans le train. Des examens suivirent et les experts médicaux militaires me trouvèrent une forte cambrure au bas de ma colonne vertébrale ( qui se portait à merveille ). Ils furent au regret de m’annoncer qu’il ne pourraient me garder plus longtemps parmi eux et que ma vie militaire se terminait là pour raisons médicales. Un moment fort !!!
Électronique et informatique
Adolescent, j’étais passionné par l’électronique, plus précisément par tout les moyens électroniques liés à la reproduction de la musique destinés aux puristes du son ( amplificateurs, préamplificateurs ). Mon rêve secret était de développer et produire ma propre gamme d’appareils audio. Cette passion prit forme durant mon école de Métiers, plus précisément en deuxième année, durant laquelle notre professeur d’atelier, un peu dépassé par la technique me laissait une paix royale. Durant toute cette année, j’ai donc appris en autodidacte bien plus que l’exigeait le programme officiel, ramenant chez moi le week-end des appareils de mesure de l’école afin de poursuivre mes expérimentations. J’ai fabriqué ainsi mes premiers appareils vers l’âge de dix-sept ans.
Après l’obtention de mon CFC ( certificat fédéral de capacité ) d’électronicien, j’ai trouvé un emploi dans une entreprise d’électronique industrielle de la place de Fribourg (Contrinex). Durant quelques années, j’ai eu la chance d’apprendre beaucoup, non seulement dans le développement de capteurs de proximité miniatures, mais également dans les différents aspects de la gestion d’une entreprise. J’en remercie encore mon ex-employeur Peter Heimlicher.
Dès l’âge de 22 ans, j’ai également fonctionné comme expert aux examens finaux en vue de l’obtention du CFC d’électronicien pour le canton de Fribourg, ainsi que comme enseignant pour une branche que personne de voulait dispenser : « Techniques hautes-fréquences et télévision ». En parallèle de mon activité professionnelle, je développais toujours mes appareils. Tout mon salaire y passait et je vivais plutôt sobrement, investissant tout dans ma passion d’audiophile. Manquant de place chez moi, j’ai alors trouvé par une petite annonce dans le journal, des locaux situés à plein pied d’une maison surplombant la Sarine au chemin du Palatinat, dans la région nord de Fribourg. Sans en informer personne, de peur d’être découragé par mon entourage, j’ai signé le bail pour un loyer modeste, en rapport à l’état des lieux. Il s’agissait d’un atelier vétuste et délabré affecté préalablement à l’entretien de machines à travailler le bois. Récupérant mes salopettes oranges utilisées durant mes jobs de vacances d’adolescent au service de la voirie de Fribourg, j’ai mis la main à la pâte, aidé de mes parents, en vue de rénover l’endroit et de m’y installer avec mes appareils pour y poursuivre mes recherches et développements.
J’ai alors exploré le marché de la distribution audio afin de trouver un distributeur intéressé à écouler mes produits par le biais de magasins spécialisés en Suisse et si possible à l’étranger. J’ai rapidement signé un contrat d’exclusivité avec l’entreprise Dynavox situé à Givisiez.
Mes appareils, très originaux dans leur conception, se sont retrouvés en vente en Suisse, ainsi que dans divers pays d’Europe. J’ai alors quitté mon emploi auprès de Contrinex et engagé quelques personnes afin d’assurer une production de près de mille appareils par an. Dans l’ombre, je suis alors passé d’une passion aux contraintes de la production, du respect des délais et d’une activité générant des marges insignifiantes comparées à celles du réseau de distribution, qui en passant se glorifiait des performances de « leurs » appareils. Ne possédant aucune expérience dans la distribution et ne disposant pas de moyens financiers suffisants pour l’assumer personnellement, je me suis résigné à être exploité.
J’importais alors d’Asie de nombreux composants entrant dans la fabrication de mes appareils. J’en profitais également pour importer du matériel informatique que j’assemblais et revendais ponctuellement à des amis ou connaissances. Court-circuitant ainsi le marché suisse de la distribution informatique qui se prenait des marges indécentes, je me suis retrouvé rapidement à proposer dans toute la Suisse romande du matériel de qualité à des prix extrêmement bas. J’ai croulé sous la demande et j’ai dû rapidement choisir entre mes appareils audio-électroniques qui me prenait la majorité de mon temps sans me permettre d’en vivre, et l’informatique qui explosait.
J’ai alors revendu pour une somme symbolique ma production d’appareils audio à Dynavox et je me suis concentré sur l’informatique. Je me suis rapidement entouré de collaborateurs et nous nous sommes retrouvés en 1995 à douze personnes dans des locaux de 170 mètres carrés, croulant sous le stock. Un immeuble de Villars-sur-Glâne que je connaissais bien pour y avoir passé du temps durant mon enfance était à vendre. Je l’ai acheté et j’y ai installé mon entreprise qui a poursuivi son expansion, comptant près de 30 personnes peu avant les années 2000.
De l’informatique au Reiki
Fatigué de consacrer tout mon temps au travail, je suis entré dans de nombreux questionnements. J’ai découvert le Reiki que je ne connaissais pas. J’avais le sentiment d’avoir achevé un volet de ma vie et j’ai découvert que mes aspirations profondes n’allaient pas dans le sens de consacrer la quasi-totalité de mon temps au travail. Le Reiki a déclenché une vague au plus profond de moi et j’ai choisi de vendre l’entreprise tout en conservant le bâtiment pour m’assurer un revenu locatif. Tout s’est enchaîné très vite et je me suis retrouvé libre de tout engagement professionnel, en quête de nouveaux horizons, mais avant tout en quête de moi-même.
Passer d’un emploi qui m’occupait à 200% à une vie de rentier à l’âge de trente-cinq ans n’est pas évident. C’est un peu mon coté extrémiste, je ne fais jamais les choses à moitié. Lorsque la vie professionnelle disparaît, il existe bon nombre de distractions pour tuer le temps. Mais ce n’est pas cette voie que j’avais choisie d’explorer. J’ai préféré celle de l’inconfort, celle de la rencontre avec soi-même. Les premiers mois ont été remuants et ont ébranlés tous mes acquis, tout ce que je ne pensais jamais remettre en question. Mes rigidités se sont effondrées et j’ai fait le tri de ce qui m’appartenait et ce qui ne m’appartenait pas, des comportements dans lesquels je me respectais et ceux dans lesquels je ne me respectais pas. Un grand bilan ! J’avais l’impression de remettre tous les compteurs à zéro pour renaître à ma nouvelle vie, dans l’alignement de ce qui m’habitait.
Durant six ans, j’ai consacré un à deux jours par semaine à des personnes en fin de vie dans le cadre de l’unité de soins palliatifs de Châtel-St-Denis dans le canton de Fribourg. Le Reiki était toujours très présent dans mon quotidien. C’était un outil simple et performant. Allergique à toute forme de dépendance, l’envie m’est venue peu à peu d’enseigner le Reiki en passant la maîtrise. L’idée d’offrir dans un temps relativement court un outil performant amenant les gens à plus d’indépendance m’a vraiment motivé dans ce sens. Après divers travaux de rénovation, je me suis installé dans l’unique appartement de mon bâtiment qui se veut à vocation plutôt commerciale à la base. A plein pied et coupé de la route et du train, il est orienté plein sud, surplombant de cent mètres la vallée de la Sarine et offrant un cadre idyllique pour y vivre et y enseigner le Reiki dans un espace panoramique spécialement consacré à cet effet.
Encore un peu de moi, de ce qui m’habite…
Avertissement… avant de continuer
Comprenez bien que je n’ai pas par mes choix la moindre prétention de supériorité ! Je n’ai rien de meilleur que les autres, bien au contraire. Je travaille moins que la moyenne et j’aurais même parfois une légère tendance à la paresse. Et la liste de mes défauts ne s’arrête pas là si l’on considère par exemple que prendre soin de soi est égoïste… De plus, j’ai opté pour la simplicité, et c’est tellement moins fatiguant et méritant de vivre simplement ! Alors n’allez surtout pas croire que j’aie la moindre prétention, la moindre revendication de supériorité. Et si surtout vous craignez que mon exemple puisse être contagieux, ne poursuivez pas plus loin cette lecture qui pourrait avoir la très fâcheuse tendance à soulever en vous des remises en question.
Décalage
Depuis ma plus tendre enfance, je suis décalé et j’observe ce monde de l’extérieur, un peu en extraterrestre, non sans amusement d’ailleurs… En début de scolarité, ma maîtresse d’école avait convoqué mes parents pour les informer que j’étais « original ». Ce mot m’a longtemps intrigué et j’ai compris bien plus tard qu’en me cataloguant, elle m’avait fait, bien involontairement, le plus beau des cadeaux, m’amenant à prendre conscience que l’originalité est unique, différente, intelligente, vivante, … Que de gratitude à son égard !! L’humour m’accompagne beaucoup dans mon quotidien. Tourner la société, la religion et la politique en dérision est ma façon de supporter leurs aberrations.
Ce décalage est salutaire, il est mon garde fou, pour ne pas me laisser happer par la grande illusion. C’est l’un des grands pièges de la vie : tomber dans l’illusion d’être seul, coupé, séparé du tout, et s’identifier alors au matériel, à l’argent, et faire de sa vie une fin en soi. Sans doute, cette distance m’a toujours permis de rester centré sur les valeurs essentielles de la vie et de les nourrir. Garder de la distance est sécuritaire et permet de ne pas se noyer dans l’illusion, de ne pas se perdre. La vie est si simple que l’être humain ne peut s’empêcher de la compliquer, pour contourner l’essentiel qu’il refuse de voir. Pourquoi faire simple alors que l’on peut faire compliqué ?
Décollage
Dans ma période de vie la plus active professionnellement, j’avais choisi de passer ma licence de pilote d’hélicoptère. J’ai ainsi volé plus de 400 heures pour mon plaisir et celui de plusieurs centaines de passagers qu’il me plaisait d’inviter de bon coeur.
Je me souviens d’une femme atteinte d’une leucémie. Elle était très vive et parfaitement saine d’esprit. Je l’avais rencontrée dans le cadre d’accompagnements à l’unité de soins palliatifs de Châtel-Saint-Denis. Nous avions une grande complicité et nous nous confiions mutuellement à coeur ouvert. Après avoir appris que j’étais pilote d’hélicoptère, elle m’a fait part de son souhait de marquer son départ en effectuant son premier et dernier vol pour saluer d’en haut certains endroits et certaines personnes. Avec toute l’aide de l’unité médicale qui l’a transfusée à plusieurs reprises pour l’occasion, elle s’est retrouvée radieuse et rayonnante un samedi de juillet à l’héliport d’Épagny-Gruyères, accompagnée de ses proches. Sans le savoir, il aurait été difficile d’imaginer qu’elle était malade. Nous avons effectué ce vol avec les risques que cela comportait pour elle, saluant le Moléson de son sommet et la doctoresse des soins palliatifs qui nous attendait devant sa maison à Semsales avec deux petits drapeaux en main… Beaucoup d’émotion ! Elle avait choisi ainsi de faire ses adieux à cette vie terrestre. A son retour, baignée d’une grande sérénité, elle a décidé d’interrompre toute transfusion et s’en est allée paisiblement dans la semaine suivante. Une belle histoire parmi tant d’autres…
C’était ma manière de partager ma joie de m’élever. Qu’il était bon de voler comme un oiseau, de se poser là dans un pré, puis de repartir librement, au gré de mes envies… Mais je me rends compte aujourd’hui qu’il s’agissait principalement pour moi d’une façon de prendre du recul et de conserver cette distance sécuritaire, ce décalage. Lorsque l’on vole, on ne peut se noyer dans le matérialisme et les impasses illusoires de la vie. Car de là haut, tout est relatif, les voies sans issue n’existent pas et rien ne paraît grave ou important, tout est calme et l’on est bien conscient que la complication n’existe que dans le mental humain. L’hélicoptère a donc été mon maître et m’a enseigné de belles leçons de sagesse. Aujourd’hui je n’ai pour lui que de la gratitude et je l’évoque sans nostalgie aucune, puisque ce même recul, je le le vis les pieds sur terre, au quotidien. Et il faut reconnaître que la formule sans kérosène est tout de même plus écologique.
Peu importe la durée
Notre passage terrestre est tel une fleur qui s’ouvre, illuminant de sa beauté, parfumant la vie. Au delà de son existence, il en subsiste toujours les graines portées et semées par le vent. J’ai toujours eu envie de crier que la vie terrestre est légère, qu’elle n’est qu’une étape et que quelles que soient ses tournures, elle n’a rien de grave, d’important, de dramatique. La vie terrestre est une étape d’un parcours hors du temps, d’un parcours choisi, voulu. Mourir n’a rien d’une tragédie, bien au contraire. Mourir devrait être une réjouissance, quel que soit l’âge. Il n’est écrit nulle part que chaque être humain vient à la vie pour mourir vieux.L’existence ne dure parfois que le temps d’une rose, mais n’est pas moins riche et intense pour autant. Quelques souffles dans une vie peuvent suffire pour mener à l’aboutissement d’une expérience, alors pourquoi faire des heures supplémentaires en pareil cas ? Tout naît et meurt sur terre, naturellement. La nature suit les cycles annuels des saisons, menant de la renaissance au printemps à la mort en hiver. L’hiver n’est pas triste pour autant. Il est cette étape nécessaire pour que la végétation renaisse au printemps. De nombreuses cultures accompagnent la mort naturellement, dans la joie, car ils n’ont pas oublié qu’ils existent bien au delà de leur corps. Rappelez-vous…
Je m’amuse beaucoup à observer à quel point l’être humain refuse de vieillir, même quand il se dit affranchi des années qui passent : L’âge est toujours arrondi au chiffre inférieur, comme si cela pouvait freiner son avancée. Chaque décennie est comme un poids supplémentaire sur les épaules, chaque occasion de tricher pour paraître plus jeune est prise d’assaut, … Comme si vieillir était un échec, une défaite. Et si vieillir nous rapprochait chaque jour un peu plus de notre future naissance, de notre retour à la maison ? Plus l’on s’approche de la fin d’un film et plus on est pressé d’en connaître le dénouement. Le meilleur moment en cuisine est celui où l’on peut goûter le fruit de son travail. Pourquoi n’en serait-il pas de même concernant notre passage terrestre ?
La prison ou la vie ?
Rien n’est grave donc, même pas la mort. Pourquoi l’être humain appréhende toujours la vie avec gravité, avec sérieux ? Retrouvez votre regard d’enfant qui savait découvrir et s’émerveiller. L’enfant n’a pas encore totalement oublié, il n’a pas encore été formaté par l’école, la société. L’enfant est authentique, il est encore connecté. Il ne s’est pas encore coupé de son intuition, il est encore habité par ses idéaux profonds, ses idéaux que l’adulte frustré qui ne croit plus en rien baptise « utopies », parce qu’il est profondément endormi, envoûté, anesthésié par ce qu’il croit être son bonheur, par cette prison dont il espère ne jamais sortir.
Cela semble juste inconcevable vu de l’extérieur. Mais c’est ainsi que je l’observe, distant, déconnecté de cette réalité qui m’entoure. J’en fais pourtant partie par ma présence sur cette terre, mais je ne suis que l’observateur, ne fixant pas mes racines dans cette société, dans ses structures et ses rouages, mais en terre profonde, tel le phare. Par cette stabilité, je me nourris du grand calme universel, et je contemple la tempête environnante à laquelle s’identifient tant d’êtres humains, meurtris et ballottés, s’emprisonnant dans leur navire en perdition. Mais les seuls survivants du Titanic n’étaient-ils pas ceux qui ont osé quitter le bateau ?
Je suis bien sur terre, mais parfois si loin de cette grande agitation. Malgré mon décalage, j’aime profondément l’être humain. Bien sûr, il aurait été beaucoup plus facile de faire comme tout le monde, de fermer les yeux et de m’illusionner derrière mes barreaux, priant le dieu de ma religion pour que la mort vienne le plus tard possible, espérant avoir assez souffert le moment venu pour gagner le paradis… Mais non finalement, car ce choix m’aurait donné l’impression d’être déjà mort, et je souhaite absolument mourir vivant, le moment venu. Finalement je me dis parfois qu’il faut du courage pour être original, pour quitter le troupeau et oser prendre du recul. Mais c’est tellement plus captivant ainsi ! J’aime explorer librement, découvrir, faire autrement, c’est ma nature et j’essaie d’y être fidèle, chaque jour un peu plus.
Le réveil matin
Ce qui me plaît sans doute le plus, c’est de jouer au réveil matin. Vous savez, cet objet ingrat que personne n’aime et qui fait du bruit alors que vous dormez paisiblement, bercé par vos rêves. J’aime être ce réveil matin qui tente doucement d’éveiller l’humanité. Mais que de prétention devez-vous penser ? Je le serais si je prétendais montrer LA voie. Mais je ne montre aucune voie, si ce n’est celle du coeur. Je ne vends rien et ne nourris aucun dogme, aucune croyance. Je me plais seulement à placer l’être humain face à sa propre incohérence. C’est déjà pas mal. Pour le reste, je l’invite au changement, à l’ouverture, à l’éveil. Et voyez-vous, je n’impose aucun chemin, n’affirme aucune vérité, sachant que les miennes me sont propres et n’appartiennent qu’à moi. Le chemin est en chacun. Et le rôle du réveil matin n’est pas d’organiser la journée, mais bien de faire que celle-ci puisse commencer. J’oeuvre donc en toute humilité et sans prétention.
Le maître
L’enseignant de Reiki se voit conférer à l’issue de sa formation le statut de maître Reiki. Personnellement, je suis très prudent à l’usage du terme « maître », car il est chez nous souvent très mal perçu et ambigu dans une société où ce titre incombe plus couramment aux avocats, notaires et instituteurs. Pour ma part, je me qualifie plus volontiers d’enseignant, histoire de ne froisser personne.
Je vous invite à parcourir cet article évoquant ma vision du maître.
Pas d’ambition, pas de désir
Aujourd’hui je n’ai pas d’ambition, pas de plan de carrière. Je n’ai pas de projet particulier. Pas très réjouissant pouvez-vous penser ? Comment peut-on vivre sans la moindre ambition ? Tout n’est qu’une question de point de vue. Observer n’est pas moins gratifiant que d’agir. J’ai quitté le monde de l’action en 2002 lorsque j’ai vendu mon entreprise. Et depuis, j’apprends à « être » tout simplement, à être moi-même et non celui que je croyais être. J’enseigne le Reiki parce que cela nourrit mon âme, parce que j’aime l’être humain, mais je le fais sans ambition de pouvoir ou de grandeur. Je n’ai plus rien à prouver ou démontrer à qui que ce soit, même pas à moi-même.
Et vous, savez-vous seulement qui vous êtes ? Pas facile d’oser se regarder en profondeur, à contempler ses blessures et à se permettre de les guérir. Voyez, c’est tout un programme, pas moins passionnant que celui qui consiste à pédaler toute une vie pour ne pas être rattrapé par sa réalité. Je suis convaincu que si chaque être humain consacrait un an de sa vie à l’introspection, plus rien sur terre ne serait pareil. Mais que faut-il comme dose d’égoïsme aux yeux de notre société pour s’accorder un tel cadeau ?
Il m’arrive parfois de me demander ce que je pourrais bien désirer que je n’ai pas. Alors, je prends conscience que je ne désire rien, me satisfaisant pleinement de l’instant présent. Bien sûr, les grands penseurs et théoriciens prétendront que l’absence de désir est un signe de dépression, car pour eux, la santé mentale ne peut se passer de lui. Il s’agit sans doute d’une demi-vérité dans ce sens que l’absence de désir est un symptôme de la dépression, mais pas forcément l’inverse.
Que ferez-vous lorsque vous aurez tout ce que vous désirez ? Il vous faudra encore trouver autre chose à désirer, mais pour aller où ? Le désir est une sorte de fuite en avant. Plutôt que de se préoccuper de la direction, l’être humain cherche à foncer, toujours plus vite… mais sans but. Et lorsqu’il perd la maîtrise de sa vie pour excès de vitesse et se heurte contre le mur, c’est la dépression, qui bien entendu est accompagnée de l’absence de désir forcée, mais non choisie.
Pour ma part, le désir n’est plus un moteur dans ma vie, qui n’a jamais été aussi harmonieuse qu’à ce jour. Il ne peut tout simplement pas exister dans l’instant présent, puisqu’il n’est qu’une tentative de projection dans le futur. On ne peut que désirer ce que l’on n’a pas, donc fuir dans le temps. L’être humain pense souvent que le désir est vital, et pourtant j’ai l’intime conviction qu’il est à la source du mécontentement humain, parce qu’il ne peut qu’aboutir à l’insatisfaction.
L’être humain n’a besoin de rien, ni de personne pour être heureux, il est seul responsable de son bonheur, car le bonheur authentique émane de l’intérieur et ne connaît pas de dépendance. Avez-vous déjà observé le sourire lumineux d’enfants d’Afrique, pauvres et démunis ? Pensez-vous que l’assouvissement de leurs désirs soit à la clé de ce bonheur rayonnant ? L’absence de désir n’implique pas de sombrer dans la passivité, mais simplement d’être à l’écoute du mouvement de la vie et de choisir à chaque instant, sans anticipation, sans préméditation. Bien peu choisissent d’être maîtres de leur vie, alors que beaucoup se rendent esclaves de leurs incessants désirs inassouvis.
Quand tout est là dans l’instant présent, il n’y a plus rien à désirer. La réalisation de soi aboutit immanquablement à l’absence de désir qui procure une paix profonde. Aucun désir assouvi ne procurera un surplus de bonheur. Il n’apportera qu’une envie d’avoir plus encore et le besoin de combler de nouveaux désirs, sans jamais vivre son quotidien. Le désir est une escalade sans fin à laquelle chacun de nous peut mettre fin, s’il choisit simplement d’être, ici et maintenant. Tel est le pouvoir du moment présent.
Contempler la nature
La vie est douce et elle me porte. La vie est une vague contre laquelle tout le monde lutte pour imposer sa direction. Moi j’ai simplement choisi de me laisser porter et la vie me le rend bien. La vie est simple. Elle se complique lorsque l’on essaie de la contourner, de la détourner. Prenez du recul et observez la nature autour de vous. Rien n’est compliqué, tout existait déjà bien avant l’homme et aucune forme végétale ou animale ne tente de lutter contre les cycles naturels de la vie. Tout naît, coule paisiblement et finit par retourner à la terre, pour renaître encore et encore. Rien ne nous sépare de tout cela, si ce n’est notre mental et notre arrogance.
Contempler la nature me donne encore une raison d’exister dans ce monde. Admirer la nature m’inspire et me reconnecte à l’essentiel. Regarder la nature nourrit ce sentiment d’unité et me relie à l’universel. Auprès d’elle j’y vis des moments intenses. Mes choix m’ont permis de m’accorder aujourd’hui du temps libre et j’en profite souvent pour méditer et contempler en jardinant. J’aime observer les plantes de mon jardin, admirer de jeunes pousses et les voir grandir de jour en jour, regarder la rose qui s’ouvre, déployant ses pétales, guetter les feuilles colorées qui se détachent des branches dans la fraîcheur automnale… Ma vie aurait de quoi lasser tant de monde, mais moi je ne la changerais pour rien au monde.
La nature, c’est pour moi aussi les balades en forêt. Vous l’aurez deviné, j’affectionne particulièrement les abords de la Sarine qui coule à mes pieds, cent mètres au-dessous de mes fenêtres. Je me plais à explorer ses méandres, ses falaises brutes et escarpées, sa faune riche et variée, ainsi que sa flore non moins diversifiée. C’est un peu mon berceau protecteur, là où coule mon inspiration, là où j’ai choisi de plonger mes racines, profondément dans cette terre, pour m’y nourrir.
Une naissance chaque jour
Aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours réveillé avec le sourire, avec l’envie intense de débuter chaque nouvelle journée, comme une nouvelle vie qui commence. Chaque jour est une naissance, tout est neuf, et lorsque j’ouvre les yeux dans mon lit, j’ai la soif de l’enfant qui découvre et s’émerveille. Vous l’aurez compris, je suis matinal et je peux me lever n’importe quand dans la nuit avec fraîcheur et enthousiasme. La vie est une telle aventure, quel que soit le programme de la journée ! (partagez sur le forum)
Conspiration, réaction et pouvoir
Nombreux sont celles et ceux qui nourrissent un sentiment de conspiration, que ce soit à l’égard d’un nouvel ordre mondial, des attentats du 11 septembre 2001 ou encore d’un plan d’invasion de la terre par des extraterrestres à l’instinct belliqueux… Je me sens personnellement totalement à l’écart de tous ces mouvements de colportages malsains, démontrés ou non, car ils ne font que nourrir de peurs une soupe nauséabonde alimentant l’inconscient collectif. A mes yeux, la notion de pouvoir est intimement liée à la réaction. Le fait d’entrer dans des théories de complots a pour conséquences d’amplifier des rumeurs malsaines ( toujours considérées comme certaines ) et d’alimenter un mental assoiffé, torturé et réactionnaire.
L’être humain commence toujours par réagir, pour se plaindre ensuite du pouvoir qu’il accorde ainsi à ses adversaires. Pourquoi ne pas prendre le mal à la racine en cessant simplement de réagir ? Sans réaction, aucun pouvoir n’est possible ! Le bruit qui court n’a d’intérêt que s’il provoque une réaction, sans quoi il ne fait que passer sans rencontrer la moindre résistance. De plus, le fait de nourrir la réaction amène à se centrer sur le mental pour se déconnecter de son coeur. Tel est sans doute le but de tout courant conspiratoire, qui ne fait que gangrener le mental de ses colporteurs, l’alimentant sans fin de suppositions et de suspicions, le faisant tourner en boucle jusqu’à épuisement et obscurcissement complet, un peu à l’image du virus informatique prenant le pouvoir complet de l’ordinateur.
Le désintérêt est pour moi la meilleure manière de désamorcer toute conspiration. Tant que possible, je pratique donc l’action centrée sur le coeur, délaissant les réactions du mental, qui par essence est conditionnel : « Si tu me dis ceci, je te réponds cela ». Le coeur lui ne peut entrer en réaction, puisqu’il est dans l’inconditionnel. Aussi, je ne milite pas et je ne réagis pas, excluant ainsi à mon humble échelle toute forme d’emprise ou de pouvoir extérieur.
Je suis un ermite
Même si j’aime côtoyer le monde, j’ai souvent caressé le rêve de vivre en ermite. En fait, je me rends compte que j’ai toujours vécu partiellement en ermite, à ma façon. Mon originalité m’a toujours amené à ne pas cumuler les amis et à me ménager des espaces et du temps pour moi. Ces moments sont vitaux et je ne concevrais pas la vie sans mes instants de solitude, de retrouvailles avec moi-même, avec ce qui m’habite au plus profond. Je ne dis pas que ces instants ont toujours été confortables, non. Mais ils m’ont permis de me confronter à mes parts d’ombre, de lumière, pour panser et guérir ainsi de nombreuses blessures.
On ne lutte pas contre soi, mais on commence d’abord par apprendre à s’aimer, s’apprivoiser, tels que l’on est, sans artifice, sans s’identifier à son ego, en regardant au delà de ses apparences physiques. La vraie vie d’ermite n’est pas une fuite, mais le choix conscient d’un retour vers soi, vers l’étincelle divine qui nous anime. Ainsi je vis en ermite auprès de ceux que j’aime, car il me plaît de partager.
Végétarisme = sectarisme
Voici quelques définitions glanées ici ou là, dans différents dictionnaires :
- Végétarien : Adepte masculin du système d’alimentation excluant les viandes.
- Végétarisme : Régime alimentaire consistant dans l’usage exclusif des végétaux.
- Végétarisme : Système d’alimentation supprimant les viandes et toute chair animale.
- On qualifie une personne de végétarienne si elle prône le végétarisme.
Je ne suis pas végétarien, dans ce sens que le fait de ne pas manger de viande n’implique pas pour moi que « je sois adepte d’un régime supprimant la viande et prônant ce choix » ( pour reprendre les mots clés des définitions qui précèdent ). Je trouve le terme « végétarien » totalement sectaire. Il est une étiquette enfermant et regroupant tous les militants non-mangeurs de viande dans un enclos. On est adepte d’une religion ou d’une secte, mais pas d’un type d’alimentation.
Jamais je ne militerai contre la viande ou tenterai de dissuader qui que ce soit d’en manger. Je ne prétends pas qu’elle soit mauvaise pour la santé, je n’invoque pas de raisons éthiques pour justifier un choix, mais tout simplement je respecte le fait qu’elle m’écoeure profondément. Tout petit, mes parents m’ont habitué à en manger. En grandissant, j’ai constaté que je laissais toujours la viande pour la fin, me rassasiant de tout le reste. Je ne mangeais alors presque que du poulet et du boeuf, ce qui me faisait appréhender les invitations, car souvent il fallait se forcer et faire semblant. Malgré ces efforts contre mon gré, de nombreuses chairs animales n’ont jamais passé du tout. Par exemple, l’odeur et le goût du poisson m’ont toujours profondément répugné, au point que même en y ayant goûté, je n’ai jamais pu en avaler. Et je ne vous parle même pas de l’agneau… Je n’ai rien choisi, si ce n’est de me respecter, lorsque peu avant les années 2000 j’ai arrêté progressivement de manger de la viande. Le goût du cadavre me dégoûte et ne me convient pas, raison pour laquelle je ne l’ingère plus.
Pas structuré
Surtout, ne le dites à personne ! J’ai le souci du détail, mais je ne suis pas structuré et je ne l’ai jamais été. Il m’est par exemple impossible de prendre des notes lors d’une conférence. Dans ma manière de fonctionner, je suis de nature plutôt anarchique, désordonnée et chaotique. Alors que la majorité des gens suivent une certaine logique organisée, j’évolue pour ma part de manière désorganisée. Je laisse donc une grande place à ma sensibilité et à mon intuition, j’aime me laisser porter par le vent de l’inspiration, évoluant ainsi tel le papillon.
Même durant ma période de vie très active, je n’ai pas souvenir d’avoir été organisé dans mon travail. Je m’amusais beaucoup, cumulant de nombreuses couches que je traitais à la fois aléatoirement et simultanément, avec il faut le reconnaître une efficacité parfois redoutable et surprenante. J’ai souvent eu le sentiment de n’avoir aucun mérite dans mes réussites, car je n’avais tout simplement pas l’impression qu’elles venaient de moi.
Bien sûr, j’ai dû apprendre à m’imposer des cadres, à l’intérieur desquels je pouvais laisser libre cours à mon désordre naturel. Des cadres un peu semblables à des bacs à sable délimitant des espaces de jeu. Aussi, vu de l’extérieur, je donne l’apparence de quelqu’un d’organisé et ponctuel, mais ce n’est pas ma nature véritable. Lorsque je lâche tout effort, je retrouve mon empirisme inné. Je suis donc parfois déroutant dans mes approches, car elles n’empruntent que rarement les sentiers battus. Ma vie d’ailleurs est balisée de voies inhabituelles qu’il me plaît d’ouvrir, d’explorer et de partager. Mais derrière ce mode de fonctionnement qui échappe à toute logique connue, les idées sont claires, les convictions profondes et inébranlables.
Le fait que je sois gaucher et dyslexique explique sans doute cela.
Parler de soi est-il une forme d’exhibition ?
J’ai été amené à me dévoiler dans le cadre d’échanges auprès de personnes en fin de vie, celles-ci ayant par la force des choses laissé tomber leurs masques et leurs carapaces, pour être totalement elles, sans maquillage, sans artifice. Alors comment ne pas s’ouvrir face à une telle invitation à l’authenticité ? Sans doute ai-je facilement tendance à me confier ou à parler de ma vie, ce qui bouscule certaines idées reçues. De nombreuses théories mettent en garde l’enseignant ou le thérapeute contre le fait de dévoiler son intimité, comme si l’une des dernières barrières sécuritaires face à autrui était ainsi abolie. Mais cette barrière n’est pour moi qu’une illusion, car on ne se protège de rien en se cachant, si ce n’est de soi-même. Il est difficile d’ouvrir pleinement son coeur à autrui si l’on n’est pas en mesure de s’affirmer tel que l’on est. La personne affranchie du regard des autres n’a plus à se cacher pour se protéger d’autrui car elle n’a plus rien à craindre. Pour ma part, j’aime être moi-même et me révéler dans mon authenticité, sans chercher pour autant à m’exhiber.
Je n’ai aucun désir d’être lu, j’invite seulement par mes écrits celles et ceux qui le souhaitent au partage. Nous avons tous à apprendre de l’histoire d’autrui et la mienne n’a rien d’extraordinaire. Si je parle volontiers de moi, ce n’est pas pour satisfaire mon ego, ou encore moins pour me glorifier, mais au contraire pour me montrer humain, pour démontrer qu’il n’existe pas un parcours idéal, mais autant de parcours qu’il y a d’êtres humains sur terre. Et chacun d’eux est à la fois inspirant et confrontant pour autrui.
Internet a le grand avantage de ne rien imposer. Sur la toile, chaque internaute est responsable de ce qu’il consulte. Aussi, je n’ai pas le sentiment d’exhiber un contenu, mais seulement de le rendre accessible à qui le choisit. Si vous parcourez mes pages dans un esprit de curiosité, vous n’y trouverez sans doute rien d’intéressant. Si vous le faites dans un esprit d’ouverture, de questionnement et d’authenticité, vous y trouverez peut-être l’inspiration…
Je vous invite à cette petite réflexion : Quel aspect de vous ne pouvez-vous pas envisager de partager avec autrui ? Et à quoi de personnel cela vous ramène-t-il ? Les réponses découlant de ces deux questions vous guideront sans doute à toucher des blessures et croyances profondes…
Bonjour André,
J’ai eu un bien fou à lire ces lignes.
Je me suis tellement retrouvé dans votre parcours d’enfance et d’adolescent.
Je me suis toujours senti à part de mes camarades, préférant aussi le calme aux attroupements et une sexualité différente.
j’aime me ressourcer dans la nature, pouvoir me déconnecter de cette vie où on a perdu toute valeur humaine.
Dommage que vous soyez un peu loin car j’aimerais aussi pouvoir faire du bien aux personnes qui en ont besoin, je le fais à ma façon en étant présent pour eux, et aurais bien suivi vos cours de Reiki.
Encore merci pour ces lignes.
Christophe (l’ami des kakarikis hihi)
Merci Christophe des kakarikis 😉
Ayant toujours plus de peine avec le « vous », je crois que je vais utiliser le tutoiement. Merci pour ton message qui me touche. La différence est une richesse inestimable, mais elle amène également une forme de solitude par le décalage qu’elle crée avec les autres et la société. Personnellement je vis plutôt bien cette solitude dans laquelle je puise toutes mes ressources. L’important est de ne pas tomber dans l’isolement…
Au plaisir de te retrouver ici ou ailleurs…
Bonjour André,
Merci au Reiki de m’avoir emportée sur ton site, un hasard ?? (sourires).
Merci pour ce « un peu de moi… » qui a interpellé l’ado que j’ai été et la quinqua…… que je suis.
Tu m’as entraînée sur tes sentiers « Regards ».
Curieuse ? oui, encore !
De ces portions de chemins qu’il me reste encore à explorer, avec l’amour au cœur. Toujours.
Sans compétition, ni division, avec confiance et foi, simplicité, humilité et authenticité.
Laisser notre enfant s’extérioriser, s’émerveiller, c’est aussi je pense : ÊTRE.
A bientôt pour une autre balade que je sais déjà riche.
Salutations nocturnes de mon pti’t bout d’île.
Patch.
(j’ai aussi quelques soucis avec le vouvoiement !)
Merci Patch… en espérant que mes écrits continuent à t’inspirer sur ton chemin de vie…
Cordialement.
Bonjour, et merci pour vos écrits plein de sagesse, je me sens moins extra-terrestre 😉
« Je me plais seulement à placer l’être humain face à sa propre incohérence » c’est vrai, mais je reste persuadée que les gens dotés de trop peu de discernement n’y arrive jamais!
Car même en se sentant dès l’enfance « inadéquat » avec les valeurs qu’on nous inculque, le chemin est long et difficile pour réussir à tout remettre dans l’ordre….
Au plaisir de vous lire
Bonjour André,
Ca fait plaisir de voir qu’il y a des gens différents, je me sens moins seul tout d’un coup.
Bonne continuation et pourquoi pas peut-être à un de ces jours.
Bonjour André,
toi et moi ne nous connaissons pas et pourtant… Tant de similitudes… Comment est-ce possible, c’est ton histoire mais c’est aussi la mienne… J’ai trouvé ton site il y a pas mal de temps … puis l’eau coule sous les ponts… Aujourd’hui je reviens, toi toujours fidèle à toi-même. Moi complètement AUTRE.
J’aimais beaucoup Jean GABIN, il a dit : « je sais, je sais,… je sais qu’on ne sait jamais » et bien si ! Au risque de le décevoir maintenant JE SAIS ! La vie s’est chargée de mon enseignement, c’était dur mais je suis là à présent bien éveillée à la vie.
Je voudrais juste te dire merci ! MERCI d’être là exactement comme tu es ! T’avoir retrouvé c’est un grand bonheur ! Je me sens tellement moins « seule ». Marie
Bonjour André,
En te lisant, une grande douceur s’est installée en moi. Un sentiment de paix m’a habité tout long de cette lecture. Je me suis sentie moins seule dans ce monde si étrange !!! Certes je n’ai pas encore l’humour nécessaire pour prendre du recul face à la bêtise humaine (peut-être trop sensible, il faut croire ?) Toujours est-il que ma seule motivation est le langage du cœur. Alors merci de t’être ouvert ainsi. L’initiation au Reiki me ferait le plus grand bien, je pense. Il y a bien longtemps que cette envie est en moi…