Lorsque je parle de religion
Pour être clair, je tiens tout d’abord à préciser le sens que j’octroie au mot religion lorsque je l’évoque. Éthymologiquement, le mot religion semble provenir de la racine latine religare qui signifie relier. La religion est donc à l’origine ce qui relie l’humain au divin, et dans ce sens, je suis profondément religieux et j’ai un grand respect pour les êtres exceptionnels dont l’homme s’est emparé afin de créer les institutions religieuses actuelles, qu’il s’agisse de Jésus ou Bouddha. Au sens pur, religion et spiritualité sont deux synonymes parfaits, tous deux nous reliant à l’esprit.
Mais l’être humain a eu besoin au fil des siècles de s’approprier l’universalité de la religion pour l’emprisonner, l’étiqueter et la dogmatiser. Conditionnée par tant de croyances imposées, la religion est morte et les religions organisées sont nées : Le christianisme, l’islam, et autres mouvances sectaires. Je ne peux que rejeter tout ce qu’elles placent à l’extérieur, tout ce qu’elles jugent et s’approprient, tout ce qu’elles condamnent sans appel, tout ce qu’elles retirent à l’être humain, le réduisant, le dévalorisant, le culpabilisant, le dépossédant…
Partis religieux et valeurs universelles
Alors plutôt que d’utiliser le mot « religion » trop ambigu par rapport au sens que peut lui donner le lecteur, je préfère évoquer ici la notion de partis religieux (organisation humaine offrant l’accès exclusif à son dieu prétendument universel). Je pense que seules des valeurs défendant l’humanité dans sa globalité sont respectables. Je n’adhérerai jamais à rien sur cette terre qui prétende détenir LA vérité, qu’il s’agisse d’un parti religieux ou politique. Y’a-t-il d’ailleurs une grande différence ? En fait je ne pense pas, les mécanismes, les motivations et les rouages qui les animent sont bien souvent semblables.
Convictions et croyances
Pour ma part, je ne peux m’associer à un parti religieux quel qu’il soit et ceci malgré mes convictions spirituelles. J’aime ce terme « conviction » parce qu’il m’habite. Nos convictions sont inscrites, gravées au plus profond de nous. Ce sont ces certitudes inébranlables que nous vivons de l’intérieur, que nous ressentons parfois physiquement, contrairement aux croyances qui ont pour moi quelque chose de superficiel, de cérébral dont notre mental cherche à nous convaincre. Les croyances nous entravent et nous limitent, alors que les convictions nous renforcent et nous construisent. Notre église, notre temple est à l’intérieur et nous pouvons nous y rendre à chaque instant, sans dépendre du salut d’un dieu vindicatif modelé par l’homme à son image.
Chacun son chemin
Personne ne naît chrétien, hindou, bouddhiste ou musulman. Ces différences n’existent que dans nos têtes. On ne vient pas à la vie coloré de la moindre teinte religieuse. Seul le mental humain ressent le besoin de s’étiqueter une appartenance pour s’y emprisonner. Il n’existe pas à mes yeux de voie spirituelle universelle. Chacun sa voie, chacun son chemin. La spiritualité est cette conscience en nous qui se manifeste chaque fois que nous choisissons de nous élever, par nos actes, nos attitudes. La spiritualité est la religion du coeur, elle ne se pratique pas, elle se vit simplement et se manifeste dans notre quotidien. Nous avons tous mille manières personnelles et uniques de la faire briller dans nos vies et ce sont là toutes nos richesses. Pas besoin donc de modes d’emploi ou de partis religieux pour l’enfermer. Un être authentiquement spirituel n’a pas besoin de prophète, de messie, de saintes écritures, pas plus que d’église, de pape ou de prêtre.
Religion = déresponsabilisation
Chaque mouvement religieux prétend détenir SA vérité et SON protocole, déresponsabilisant ainsi ses adeptes, leur enseignant qu’ils ne sont que de pauvres pécheurs et que leur Dieu tout puissant se trouve à l’extérieur d’eux. Personnellement, je ne peux adhérer à ce concept et il me plaît de pouvoir rencontrer le divin en moi, il me plaît de pouvoir grandir en liberté, sans dépendre d’une structure, de rituels imposés, sans avoir à demander qu’un représentant de Dieu m’accorde le pardon. Être vivant c’est être responsable et ne pas se rendre esclave et dépendant d’une institution humaine se substituant à nous.
L’attrait de toute religion organisée est sa capacité à dépouiller l’être humain de ses propres responsabilités et à l’alléger de sa conscience. Elle fait de l’homme un mouton obéissant qui suit docilement le troupeau. L’avantage pour le mouton est de ne pas avoir à se questionner sur ses actes, dès l’instant où il se contente de suivre le mouvement du troupeau sans se poser de question. Ainsi de nombreux adeptes de religions sont prêts à tuer dans la joie et le fanatisme afin d’imposer leur suprématie divine et gagner leur place au paradis. D’autres se préoccuperont bien peu de leurs actes quotidiens, se réfugiant dans le pardon accordé par la confession, exemple parfait de déresponsabilisation. Mais le jour où l’homme assumera pleinement ses responsabilités, les partis religieux comme politiques cesseront d’exister.
Athéisme
L’athéisme n’est pas l’opposé de la religion, il est un mouvement similaire. L’athéisme, s’opposant à l’existence de toute divinité, ne fait qu’enfermer au même titre qu’un parti religieux. Nier l’existence d’un dieu et défendre cette idée revient à créer un clan, à imposer une idéologie et à contrer dans l’argumentation les autres points de vue. Les athées militent tout autant que les religieux, alimentant ainsi la polémique. Ils ne prouvent rien de plus, mais tentent juste de dénigrer tout ce qui n’est pas démontré scientifiquement.
Les athées sont profondément croyants, puisqu’ils nourrissent sans preuve démontrable la croyance que Dieu n’existe pas. Croire que Dieu existe ou croire que Dieu n’existe pas ne fait aucune différence, puisque dans les deux cas, une croyance est profondément implantée. Comme la validation ou l’invalidation de l’existence de Dieu reste impossible à démontrer scientifiquement, cela ne peut déboucher que sur un débat stérile.
Religions et amour
Les religions prétendent enseigner l’amour, mais en vérité elles le tuent. L’amour est dangereux, car s’il se répand, l’être humain n’a plus besoin des religions organisées. A quoi bon se soumettre à un parti religieux si l’amour nous habite pleinement à chaque instant ? N’est-ce pas là le but ultime ? Lorsque l’on aime, on vit tout simplement le plus bel idéal spirituel, donc plus besoin de cage pour l’enfermer. Mais les églises s’abstiennent bien de prêcher l’indépendance et affirment qu’il est impossible d’aimer pleinement et que cette exclusivité est réservée à leur Dieu, qui lui seul peut nous sauver : En tant que pauvre pécheur, autant ne pas essayer tout seul, c’est peine perdue, et dangereux de surcroît !
Et lorsqu’il devient impossible de nier qu’une personne aime vraiment, l’église la qualifie de sainte, de manière à prendre bien soin de la rendre inaccessible à ses fidèles qui doivent absolument rester de pauvres pécheurs pour qui l’amour est inaccessible par la voie directe… En fait, l’amour est très dangereux pour notre société, puisqu’il rend libre de toute institution et libère de la peur. Connaissez-vous un parti religieux ou politique qui n’use pas de la peur pour tenter d’imposer sa suprématie ?
Prétendre enseigner l’amour, ce n’est pas réduire l’homme au stade de pauvre pécheur. La religion est un mode d’emploi réducteur, restrictif et avilissant, défendant une morale prémâchée, revue et interprétée par des dirigeants d’églises qui prétendent arrogamment représenter Dieu. La religion fait de nous des moutons alors que l’amour fait de nous des êtres humains responsables. Dans son essence, l’amour est libre, il est authentique. Il ne s’étudie pas dans les universités ou les églises, il se vit dans le coeur, à chaque instant. Personne ne peut enseigner l’amour, puisqu’il est déjà en chacun de nous. C’est en oubliant toutes les théories à son sujet qu’il resurgit de l’intérieur, après avoir été écrasé par tant de conditionnements moraux et sociaux. Ne le cherchez plus, il est déjà là, au plus profond de vous, enseveli sous la chape de vos croyances.
Respect d’autrui
Les religions ont toujours été le moteur de la guerre, un prétexte pour commettre les pires atrocités. Que n’a-t-on pas fait au nom de Dieu ? En 1939 en France, les évêques de l’église catholique bénissaient les canons au début de la deuxième guerre mondiale. Et ce n’est pas de l’histoire ancienne, en 2003 l’une des plus grandes puissances de ce monde invoquait le soutien de Dieu pour déclarer la guerre au Moyen-Orient. Les partis religieux ont bafoué les droits de l’homme et imposé leur dictature spirituelle, se moquant bien du respect d’autrui.
Mais jamais aucun être habité d’une foi religieuse authentique n’éprouvera le besoin de convaincre, d’imposer ses convictions intimes, ou même de se coller une étiquette religieuse sur le front. Comment pourriez-vous imposer votre goût personnel pour une musique ? Chacun résonne de sa propre mélodie intérieure, de son propre timbre. Chaque sonorité est unique, elle est l’empreinte de notre âme et personne ne pourra jamais vous dicter votre son.
La peur de renoncer au pire
J’entends souvent des personnes qui se disent catholiques tout en étant en profond désaccord avec les valeurs et règles défendues par le Vatican. Combien d’entre elles ont-elles osé quitter l’institution humaine qu’est l’église catholique ? Bien peu… Pour faire un simple parallèle, qui adhérerait et soutiendrait de sa contribution fiscale la tête d’un parti ultra-nationaliste alors qu’il aspire à la libre circulation des êtres humains sur terre ? Sans doute personne bien évidement.
Mais alors pourquoi l’être humain cherche-t-il absolument à se coller une étiquette religieuse si souvent en décalage avec ses convictions, alors qu’il dispose de sa pleine liberté sur le plan spirituel ? Parmi les nombreuses personnes fustigeant leur église tout en la soutenant de leur impôt paroissial, aucune d’entre elle n’a pu m’expliquer clairement la raison de cette incohérence majeure.
Mon interprétation personnelle va dans le sens que le fait de quitter l’institution de l’église catholique romaine (comme bien d’autres…) éveille la crainte inconsciente, présente même chez les non-croyants et non-pratiquants, de se retrouver coupé de Dieu. Des siècles durant, le culte de la peur et de l’enfer ont été entretenus au fil des générations, marquant l’inconscient collectif à tel point que ces conditionnements se retrouvent aujourd’hui gravés à notre insu au plus profond de nous. Tout cela laisse songeur sur l’ampleur des dégâts…
Plonger dans le vide
L’être humain ne sait contourner un problème que par un autre problème, plutôt que de simplement renoncer au problème. Quand il en vient à quitter une religion qui ne le satisfait pas, c’est parfois pour adhérer à un autre mouvement encore plus dogmatique et enfermant. Le besoin de s’accrocher est terrible et la peur du vide est omniprésente. C’est pourtant dans ce grand vide qu’il faut plonger pour grandir spirituellement. Tant que vous serez accroché à une parole ou une vérité qui ne vous appartient pas, vous stagnerez. Oubliez tout, même ce que vous venez de lire, explorez l’inconfort du vide et lorsqu’il n’y aura plus rien, vous toucherez l’essentiel. Aucune religion ne peut prétendre vous enseigner l’expérience du divin, parce que chaque chemin pour y parvenir est unique.
En conclusion
Les fondements spirituels authentiques des religions ont été intellectualisés et dogmatisés par l’homme à des fins de pouvoir. Les partis religieux sont nés du besoin d’une partie de l’humanité à se faire guider et d’une autre partie à contrôler et asservir la première. Même si je suis totalement allergique à cette notion de pouvoir religieux, je ne renie pas les bases qui l’animent, ni les êtres qui y adhèrent. Ceci consisterait simplement à juger, à créer un nouvel enfermement, de nouveaux dogmes.
Je délaisse ainsi tout mouvement contrôlé parce qu’il m’enlève ma liberté et mon discernement. J’aime prendre où que ce soit ce qui résonne en mon coeur, ce qui me parle. Lorsque je suis dans mon coeur, je ne peux me tromper. Notre vérité est à l’intérieur et nous avons juste à la retrouver. Mais souvent il semble plus facile et confortable de confier son pouvoir à autrui, plutôt que de rencontrer nos doutes, nos peurs et les nombreuses blessures qui nous habitent. Pourtant, n’est-ce pas là l’un des buts de la vie ?
En guise de réflexion inspirante et de conclusion, je vous invite à partager cette petite histoire d’un sauveur, extraite de l’ouvrage de Richard Bach : « Le Messie récalcitrant ».
Vos écrits me rejoignent énormément, en ce moment je traverse une autre période un peu difficile dans ma vie, je ne peux pas dire que je suis perdant puisque j’ai vécu de merveilleuses choses avec elle mais j’aurais aimé en vivre d’autres c’est certains cars j’avais encore beaucoup d’amour à donné.
Question de ses convictions spirituelles chrétiennes et de sa relation envers dieux et qui moi ne me rejoignait pas, elle a décidé de mettre un terme à notre relation après quelques mois passés ensemble, un choix qui est très dur à accepter car on s’est toujours compris du moins pour ce qui n’est pas de cette philosophie spirituelle qu’ont plusieurs chrétiens envers ce christ qui pour moi à toujours existé que pour les hommes. Quoique je me suis toujours dit que les gens ont le droit à croire en ce qui veut bien mais je comprend qu’elle avait besoin d’encouragement dans ça démarche spirituelle mais je ne pouvais pas mentir avec moi-même et faire semblant que j’y croyais.
Maintenant avec vos écrits je comprends très bien pourquoi m’avoir fait rejeter soudainement, oui j’ai ce sentiment de ne pas être compris et quand cela arrive, je sens le vide et je dois essayer de le combler intérieurement.
Merci sincèrement pour toutes ses belles paroles, votre blog fait maintenant partie intégrante en ce moment de ma vie car beaucoup de choses me rejoignent et me permettre de comprendre mieux, comme quoi que peu importe la distance, on peut être à la fois loin et proche un de l’autre sur terre.
Bonne continuation!